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Le manque de personnel, la face cachée du tourisme en Grèce
Le manque de personnel, la face cachée du tourisme en Grèce / Photo: Sakis Mitrolidis - AFP/Archives

Le manque de personnel, la face cachée du tourisme en Grèce

Embauchée pour la saison touristique dans un hôtel 5 étoiles de Grèce, Katerina a jeté l'éponge au bout d'un mois à peine. En cause: les conditions de travail jugées "inacceptables" dans ce secteur clé de l'économie.

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"Je n'en pouvais plus !", lâche cette étudiante en gestion et tourisme à l'Université de Thessalonique qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

Employée sur un poste de marketing en Chalcidique, principale destination touristique en Grèce du Nord, "on m'a demandé de travailler dans n'importe quel autre service de l'hôtel, en fonction des besoins (...) y compris dans le nettoyage", critique-t-elle.

Katerina, dont la rémunération atteignait 1.100 euros nets par mois, dénonce aussi des conditions de travail "inacceptables".

"Nous étions logés dans un espace avec huit personnes, sans climatisation ni lave-linge", explique la jeune femme de 22 ans.

- Faibles salaires -

Le tourisme, malgré un record de plus de 36 millions d'arrivées en 2024, souffre crument d'un manque de personnel en raison notamment d'émoluments faibles pour des horaires à rallonge et avec peu de jours de repos.

Les salaires de base des employés dans les hôtels varient entre 950 et 1.000 euros, selon la spécialité, auxquels peuvent s'ajouter des primes.

Les opérateurs du secteur, qui se montrent pourtant optimistes cette année, s'inquiètent de ce manque criant de main d’œuvre pour le pic de la saison en juillet et août.

Environ 20% des postes sont restés vacants ces dernières années et les prévisions sont similaires pour 2025, selon plusieurs études.

Propriétaire d'un bar de plage et d'un petit hôtel en Chalcidique, Markos Kesidis ne s'en sort pas.

"Même nous, les propriétaires, sommes obligés de faire le service à cause du manque de personnel !", grimace-t-il.

"J'ai besoin de 20 personnes pour mon bar de plage en haute saison. Aujourd'hui, il est presque impossible d'en trouver autant", ajoute-t-il.

- 54.000 emplois vacants -

Moteur de l'économie grecque, le tourisme a rapporté 30,2 milliards d'euros en 2024, soit 13% du PIB du pays, selon l'Institut de recherche de la Confédération grecque du tourisme (INSETE).

L'an dernier, 54.000 postes n'ont pas trouvé preneur sur les 278.000 estimés dans les hôtels, relève de son côté l'Institut de recherche sur le tourisme (ITEP).

Cette année, le nombre de postes vacants "restera au même niveau", affirme Konstantina Svynou, présidente de l'ITEP.

En quête d'alternative, de nombreux hôteliers cherchent à recruter des saisonniers à l'étranger.

Plus de 46% des hôteliers ont ainsi manifesté leur intention d'embaucher du personnel étranger cette année, soit plus de 28.000 personnes, selon l'ITEP.

Pour le ménage, la vaisselle et autres emplois peu qualifiés, les hôteliers grecs emploient souvent du personnel venant de pays non membres de l'UE, selon cette enquête.

- Réfugiés -

En Chalcidique, les associations hôtelières se sont également tournées vers les réfugiés logés dans des centres d'accueil mais la démarche n'a pas rencontré jusqu'ici le succès escompté.

"Au total, 110 personnes ont répondu mais actuellement il n'y en a qu'une dizaine qui travaillent dans les hôtels de la région", déplore Grigoris Tasios, président de l'Association des hôteliers de Chalcidique.

Selon lui, "la plupart craignent qu'une fois la saison terminée, ils ne puissent plus retrouver leur hébergement dans des centres d'accueil".

Dans sa région qui compte 540 hôtels et où devraient travailler 14.000 personnes, la pénurie de personnel s'élève à plus de 10%.

"Plusieurs hôtels ont embauché des travailleurs ressortissants de l'Inde et des Philippines", précise Grigoris Tasios.

Sur les îles les plus touristiques de la mer Egée, notamment dans les Cyclades, le recours au personnel étranger est massif.

"Dans l'hôtel (de luxe) où je travaille, nous sommes une équipe de 70 employés dont seulement 14 Grecs", affirme ainsi Maria Angeli, 54 ans, depuis Santorin, une des îles les plus touristiques.

Ses collègues viennent de pays africains, du Népal ou du Bangladesh, souligne-t-elle en constatant que les Grecs, surtout les jeunes, ne veulent plus de ces emplois.

La restauration souffre également d'un manque important de personnel. Les clients voient ainsi se multiplier les panneaux et affiches dans les devantures: "Cherche personnel" ou "Recherche serveurs. Urgent".

J.AbuShaban--SF-PST