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L'ONU accuse les talibans de "violations graves" de droits humains visant des Afghans renvoyés dans leur pays
L'ONU accuse les talibans de "violations graves" de droits humains visant des Afghans renvoyés dans leur pays / Photo: Mohsen KARIMI - AFP

L'ONU accuse les talibans de "violations graves" de droits humains visant des Afghans renvoyés dans leur pays

L'ONU accuse jeudi les autorités talibanes d'avoir commis des "violations graves" des droits humains comprenant des "cas de torture" contre des Afghans de retour chez eux après avoir été expulsés de pays tiers, visant notamment des femmes, des membres de l'ancien gouvernement ou des journalistes.

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Depuis 2023 et le début de vastes campagnes d'expulsion lancées par l'Iran et le Pakistan, des millions d'Afghans sont rentrés dans leur pays. Pour la seule année 2025, plus de 1,9 millions de personnes ont regagné le territoire afghan, dont l'écrasante majorité en provenance d'Iran, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Une fois arrivés en Afghanistan, certains ont été victimes de "violations graves" de leurs droits, commises par les autorités talibanes "en fonction de leur profil", dénonce un nouveau rapport onusien.

Ces violations, selon cette source, concerne des femmes, des employés de médias et des membres de la société civile, mais aussi des individus affiliés à la République tombée en 2021 et à ses forces de sécurité, malgré une amnistie décrétée par les talibans.

"Ces violations comprennent des cas de torture, de maltraitance, d'arrestation et de détention arbitraire et de menaces à la sécurité", rapportent la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, dans un rapport commun.

Le document se base sur des entretiens menés en 2024 avec 49 Afghans contraints de rentrer dans leur pays.

"Renvoyer chez eux des individus qui risquent d'y être persécutés, torturés ou d'y subir un traitement ou des punitions cruelles, inhumaines ou dégradantes, des disparitions forcées ou d'autres préjudices irréparables, est une violation du principe de non-refoulement et une entorse grave au droit international", ont dénoncé la Manua et le Haut-Commissariat.

Le gouvernement taliban assure que la loi islamique qu'il a instaurée "garantit" les droits de chacun.

Mercredi, le chef de la diplomatie Amir Khan Muttaqi a estimé, lors d'une conférence de presse, que le respect des droits humains était utilisé comme une "excuse" par "certains pays" --non nommés-- pour ne pas reconnaître l'"émirat islamique".

Seule la Russie reconnaît le gouvernement taliban depuis son retour au pouvoir en 2021.

- Vague d'expulsions -

Pakistan, Iran, Tadjikistan, mais aussi Allemagne et Etats-Unis: de nombreux pays ont expulsé ou annoncé leur intention de renvoyer des Afghans.

Cet afflux est un défi pour les autorités talibanes qui appellent régulièrement à l'aide les organisations internationales, pourtant confrontées à des coupes budgétaires massives.

Le Pakistan et l'Iran, terres d'accueil pendant des décennies pour les Afghans fuyant guerres et autres fléaux, les accusent d'être impliqués dans des faits de "terrorisme", de narcotrafic ou de faire monter le chômage et la criminalité.

Après avoir fixé à début juillet la date limite pour quitter son territoire, Téhéran a finalement donné jusqu'à début septembre aux quatre millions d'Afghans illégaux pour plier bagage.

Le Tadjikistan, autre pays voisin, a emboîté le pas à Islamabad et Téhéran en annonçant vouloir expulser des Afghans. Depuis le 8 juillet, au moins 377 l'ont été, a indiqué le HCR à l'AFP.

La semaine dernière, 81 Afghans ont aussi été expulsés d'Allemagne après avoir été condamnés par la justice, tandis qu'aux Etats-Unis, l'administration Trump a annoncé révoquer le statut de protection temporaire pour des milliers d'Afghans sur son sol, arguant que la sécurité avait été rétablie dans leur pays.

Mais pour l'ONU, la situation humanitaire y est "désastreuse" et l'organisation a réclamé la semaine dernière "l'arrêt immédiat" de ces renvois.

"Personne ne devrait être renvoyé dans un pays où il risque d'être persécuté sur base de son identité ou de son histoire personnelle", a estimé jeudi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.

"En Afghanistan, cela est encore plus vrai pour les femmes et les filles, soumises à une série de mesures qui relèvent d'une persécution uniquement basée sur leur genre", a-t-il dénoncé.

L'Afghanistan est le seul pays au monde où les filles ne peuvent plus aller à l'école au-delà de 12 ans et où les femmes sont interdites d'accès aux parcs, aux salles de sport, aux instituts de beauté et aux universités.

N.Shalabi--SF-PST